Formation
Formation : les insectes piqueurs sous la loupe de Jean-Michel Berenger
Bien connaître, et mieux identifier et traiter les différentes espèces d’insectes invasifs, tel est le sujet de la formation d’une semaine donnée par Jean-Michel Berenger aux techniciens d’A+A Désinfection. L’entomologiste de l’IHU Méditerranée Infection et directeur du Laboratoire Diagnostic Insecte (LDI) répond à nos questions.

A+A. Quel est le contenu de cette formation ?
Jean-Michel Berenger. La formation porte sur l’entomologie urbaine et le diagnostic entomologique. Il s’agit d’apprendre à reconnaître tous les insectes qui piquent dans une maison. On parle beaucoup aujourd’hui de la punaise de lit, mais il n’y a pas qu’elle ! Les tiques, les puces, les poux sont moins bien connus des techniciens. Savoir identifier un insecte permet d’adapter au mieux son traitement et de le faire, dans la mesure du possible, sans produits chimiques.
Comment se déroulent les cours ?
Chaque jour, nous étudions un groupe d’insectes. Le matin est réservé à la théorie et l’après-midi aux travaux pratiques. En cela, je m’adapte aux rythmes de la biologie humaine ! Rien de tel que la pratique pour mémoriser : les élèves manipulent des insectes, les regardent sous la loupe et apprennent à utiliser des clés d’identification.
Les insectes étudiés sont-ils uniquement présents en Europe ?
Avec le commerce international, les insectes se propagent partout dans le monde. On le constate avec le moustique tigre, originaire d’Asie, ou les coléoptères des denrées alimentaires que l’on retrouve maintenant dans de nombreux pays. Pour moi, les techniciens sont des sentinelles de l’environnement. Ils sont les premiers sur le terrain lorsqu’un nouvel invasif arrive. Il est important qu’ils aient une vision large et qu’ils puissent identifier au moins le genre et l’ordre d’un insecte qu’ils ne connaîtraient pas.
Y a-t-il des spécificités suisses ?
Pas à ma connaissance. Le moustique japonais est arrivé par la Suisse, mais il se propage maintenant en France. Les termites commencent à être plus présents ici aussi. Quant aux fourmis, elles semblent plus poser problème ici que dans le sud de la France d’où je viens, car les techniciens m’en parlent beaucoup.
Avez-vous des conseils destinés à d’autres professionnels qui seraient confrontés aux insectes piqueurs ?
Je tiens à souligner que la formation est ouverte aux médecins et dermatologues. Ces derniers ont trop souvent tendance à identifier la punaise de lit comme responsable de piqûres sur un patient, ce qui complique le travail des techniciens lorsque leur diagnostic diffère. Je travaille aussi avec les services d’hygiène des villes, notamment à Marseille, pour les conseiller en cas d’observation de piqûres dans un lieu public, sur les enfants dans une crèche ou une école par exemple.
Comment les techniciens vont pouvoir mettre en pratique leurs nouvelles connaissances ?
Les techniciens d’A+A Désinfection ont la chance d’avoir à leur disposition un laboratoire très bien équipé, avec des loupes binoculaires et de la documentation. Cela leur permet d’identifier les insectes prélevés sur le terrain. Une fois que l’on connaît le nom d’un insecte, on connaît sa biologie. On peut alors comprendre les raisons de l’infestation et trouver un traitement adéquat. Par exemple, baisser l’humidité d’une pièce pour se débarrasser des psoques*. L’objectif de cette formation, c’est aussi de favoriser la prise d’initiative chez les techniciens dans l’élaboration du traitement.
*psoque : Le psoque est un petit insecte de 1 à 3 mm, communément appelé pou du livre.