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La détection canine des punaises de lit : un métier en pleine structuration
Depuis plusieurs années, la détection canine s’impose comme la méthode la plus efficace pour identifier les infestations de punaises de lit. En Suisse romande, A+A Désinfection fait figure de référence, ayant été la première à obtenir les certifications garantissant le sérieux de ses interventions. De l’autre côté de la frontière, la profession a récemment connu une structuration grâce à la création du Syndicat des Experts de Détection Canine de Punaises de Lit (SEDCPL). Pour mieux comprendre les enjeux et les défis du secteur, nous avons rencontré Sébastien Pizzocaro, Cofondateur du syndicat et Associé fondateur de l’entreprise Eco-flair. Il revient sur l’évolution du marché, la nécessité d’un cadre commun et reconnu, et les perspectives de la profession à l’échelle européenne.
A+A Désinfection : Comment avez-vous découvert ce métier et quel a été votre parcours vers la création d’Eco-flair ?
Sébastien Pizzocaro. J’ai débuté ma carrière avec une licence en management, mais après quelques années dans ce domaine, j’ai choisi d’emprunter un tout autre chemin en devenant sapeur-pompier professionnel, un métier que j’ai exercé pendant 25 ans. À la suite d’une blessure qui m’a contraint à une période de convalescence, j’ai eu l’opportunité de passer quelques jours en Suisse romande. C’est là que, par un heureux hasard, j’ai rencontré Stéphane Aeschlimann, fondateur d’A+A Désinfection, qui m’a fait découvrir la détection canine appliquée à la lutte contre les punaises de lit. J’ai immédiatement été captivé par cette discipline, qui représentait pour moi une nouvelle aventure professionnelle. Dans le prolongement de mon engagement pour le secours et la protection des personnes, ce métier me permettait d’apporter une réponse concrète à des situations de détresse. En 2010, Marie Effroy a fondé la société Eco-flair, que j’ai rejoint en 2015. Eco-Flair est aujourd’hui une référence française dans la détection canine.
Pourquoi avoir fondé le syndicat SEDCPL ?
Deux raisons majeures ont motivé cette initiative. D’une part, la croissance du secteur de la détection canine soulevait la question cruciale de son indépendance et de son cadre réglementaire. D’autres domaines, comme la désinsectisation ou les unités cynophiles spécialisées dans la détection de drogues et d’explosifs, commençaient à s’intéresser à notre activité. Sans repères et cadre d’activité propre, nous risquions de voir d’autres acteurs définir les règles à notre place. Il était donc primordial que nous soyons les garants de notre propre profession afin de préserver notre savoir-faire et nos spécificités. D’autre part, l’absence de standards communs générait une grande disparité des pratiques, créant de la confusion pour les clients et affaiblissant la crédibilité du métier. La création du SEDCPL a permis de structurer la profession, d’instaurer des normes de qualité et de défendre les intérêts des professionnels de la branche.
Quel impact a eu la création du SEDCPL sur le marché ?
Le syndicat a profondément transformé le secteur de la détection canine en France. Il a permis de fédérer les acteurs du métier, d’instaurer des standards professionnels et de les faire reconnaître par les institutions (accord avec l’État et reconnaissance par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire – ANSES). Grâce à nos actions, la profession bénéficie désormais d’un cadre garantissant à la fois la protection des experts et la qualité des prestations offertes aux clients. Nous avons notamment mis en place une charte de bonnes pratiques et une Démarche Qualité indépendante avec Bureau Veritas, assurant une reconnaissance officielle et un gage de fiabilité et de professionnalisme.
Comment avez-vous vu évoluer le marché de la détection canine en France ces dernières années ?
Le marché connaît une croissance rapide, mais cette expansion a entraîné une intensification de la concurrence, parfois au détriment de la qualité. L’arrivée d’opérateurs peu qualifiés et la guerre des prix ont fragilisé l’image de la profession. Face à ces défis, le SEDCPL joue un rôle clé en définissant des standards stricts et en garantissant un haut niveau d’expertise. Notre objectif a été de faire reconnaître la détection canine comme un métier à part entière, avec des exigences claires et des certifications reconnues, plutôt que comme une simple prestation sans cadre. Nous sommes aujourd’hui classés dans le registre des métiers de l’inspection, reconnus par l’État comme diagnostiqueurs.
La Suisse ne dispose pas encore d’un cadre structurant pour la détection canine. Quelles seraient, selon vous, les premières étapes à entreprendre ?
Paradoxalement, la Suisse a été pionnière dans la détection canine. Comme nous l’avons fait en France, la première étape serait de rassembler les acteurs du marché afin d’établir des normes communes. Un syndicat ou une association permettrait de définir des standards de qualité et d’engager un dialogue avec les partenaires et clients du métier, mais aussi avec les autorités publiques, garantissant ainsi un développement maîtrisé et une reconnaissance officielle du métier.

Le SEDCPL organise chaque année des journées techniques et d’échanges. Seriez-vous ouvert à inviter des acteurs suisses ?
Tout à fait ! Nous avons déjà accueilli des experts de Finlande et de Suède, et nous serions ravis de voir des représentants suisses rejoindre ces échanges. Ce type de rencontres est extrêmement enrichissant et permet d’initier des collaborations à l’échelle européenne.
Comment imaginez-vous l’avenir de la profession en Europe ?
Une ambition serait d’aboutir à une harmonisation des standards à l’échelle européenne. Nous avons déjà engagé des discussions avec Bureau Veritas pour proposer notre Démarche Qualité à d’autres pays. Idéalement, une entente européenne pourrait voir le jour pour uniformiser et valoriser la détection canine sur tout le continent. Chaque pays restant indépendant bien sûr.
Pour conclure cet entretien, quels conseils donneriez-vous aux acteurs suisses du secteur ?
Je leur conseillerais de se parler et de s’unir ! L’expérience française a démontré que seule l’union fait la force. Avoir une structure représentative permet de garantir la qualité des services, d’interagir avec les autorités et d’assurer un avenir pérenne au métier.